La perte d’un enfant, fait perdre aux parents tous leurs repères. Ce lien rompu entraîne la confusion, la désorientation est une perte de sens. En effet, perdre un enfant n’est pas dans l’ordre des choses. Cela bouleverse l’ordre des générations. Les parents sont confrontés à un véritable séisme et ils sont atteints psychologiquement, physiquement et socialement (le rapport à soi-même et aux autres est fondamentalement remis en question).
Processus et travail de deuil
Le processus de deuil se met en place inconsciemment. Il comporte différentes phases spécifiques. Le travail de deuil est un choix consenti par la personne pour parvenir à une guérison intérieure.
- Choisir de faire face à la mort de l’être aimé.
- Ne pas devenir « otage » de notre souffrance car elle est un lien avec ceux qui sont partis.
Le processus de deuil n’aboutit pas à l’oubli. « Faire son deuil c’est apprendre à bien se souvenir » (Mme Pinard)
Les différentes étapes du processus de deuil
1 La phase de sidération/déni
C’est l’étape du choc. On a beau savoir que tout est terminé, une partie de nous-même se refuse à accepter cette terrible réalité. Cette non-reconnaissance est en fait un moyen de se protéger contre « l’horreur » de ce qui vient de se passer. C’est une protection psychique.
2-La phase de fuite/recherche
C’est une période de désorientation qui peut être accompagnée d’une crise d’identité (on ne sert plus à rien). On peut s’étourdir dans des activités pour combler le vide et la perte des repères.
Comme le souligne Christophe Fauré, « lorsque l’on perd quelqu’un que l’on aime, la relation extérieure est interrompue mais le mouvement relationnel entre soi et la personne disparue en place depuis des années reste intérieurement sur sa lancée ». C’est là que se situe la souffrance et c’est là que va résider le travail de deuil : transformer ce mouvement relationnel, l’intérioriser.
3- La phase de déstructuration
On prend conscience que l’autre ne reviendra plus. C’est une phase de désorganisation avec une grande impression de vide, d’absence et de perte. On a l’impression d’une régression. Colère, révolte et culpabilité peuvent aller de pair avec une grande tristesse.
Comme le précise Christophe Fauré : « Le travail de deuil permet d’intégrer lentement son enfant en soi, en rendant de moins en moins nécessaire de le faire exister à l’extérieur de soi, dans une chambre vide ».
4- La phase de restructuration
Le retour à la vie se fait progressivement mais entraîne un sentiment de culpabilité vis-à-vis des autres. On combat souvent ce retour à la vie. On peut parfois avoir besoin de l’autorisation de son entourage.
La phase de reconstruction correspond en fait à une période de redéfinition à plusieurs niveaux :
- Redéfinition de la relation à autrui et au monde,
- Redéfinition de la relation au défunt,
- Redéfinition de la relation à soi-même.
Le couple face au deuil
La réalité du couple, de l’amour, se vit dans une dynamique liée au temps. Le couple se construit jour après jour, fruit d’une œuvre commune et d’une volonté de vivre ensemble dans la durée. Ce projet commun qui inscrit le couple dans la durée va favoriser la constitution du lien conjugal.
Le couple est une entité vivante. Il passe par diverses étapes de vie. Certaines de ces étapes ou certaines périodes de vie sont plus délicates et peuvent favoriser le surgissement de crises :
L’arrivée de l’enfant, son adolescence, la retraite, le nid vide, le chômage…
Lors de la perte d’un enfant, l’ensemble des repères du couple vole en éclats car la souffrance est si intense qu’elle parasite la totalité des relations familiales et conjugales. Le chagrin isole, la pudeur amène une certaine distance.
La souffrance transforme : on a peur de faire mal ; de ne pas savoir quoi faire, quoi dire… Ce drame terrible peut également réactiver les anciennes blessures et les anciens conflits.
La culpabilité est toujours présente lors de la perte d’un être cher.
Elle est bien souvent décuplée lors de la perte d’un enfant. Dès lors, des sentiments ambivalents peuvent naître vis-à-vis du conjoint(e). Amour et haine se côtoient et déstabilisent les rapports du couple.
La culpabilité est liée au « faire ». Elle engage un acte, une faute commise. La honte est liée à « l’être». Elle engage l’image de soi, être à la hauteur de l’idée que l’on se fait de soi.
Une communication brouillée
Il y a tellement de souffrance, de détresse, tellement de sentiments contradictoires que l’on ne peut ou que l’on ne sait exprimer, que peu à peu la communication se brouille ou disparaît. Dès lors se creuse un fossé entre les membres du couple.
Les différences hommes/femmes face au deuil
On s’aperçoit que femmes et hommes ont une façon particulière et différente de vivre leur deuil.
Le deuil au masculin serait vécu d’une manière intellectuelle, cognitive alors que le deuil au féminin serait plus dans le domaine de l’affect. Il serait plus intuitif et partagé et l’expression des émotions y aurait plus leur place.
Deuil chez l’homme : Les hommes sont dans « l’action » et la « diversion ». Ils ont le sentiment qu’ils ne doivent en aucun cas pleurer ou montrer une quelconque faiblesse mais bien plutôt protéger et rassurer. L’homme se réfugie donc dans le silence et la réflexion laissant penser qu’il n’a pas besoin d’aide.
Le deuil masculin est souvent invisible et solitaire. Rester actif est la stratégie masculine fondamentale face à la perte.
Deuil chez la femme : la femme sait nommer ses émotions ; sait trouver les réseaux d’oreilles bienveillantes. La parole est à la femme ce que l’action est à l’homme : une nécessité. En parlant, la femme se sent souvent réconfortée. En racontant, la femme met à distance ce qui la fait exploser. Elle explore ses sentiments et peut mieux comprendre ce qui se passe en elle. La parole a une valeur thérapeutique ; le récit construit.
La sexualité au cours du processus de deuil
La sexualité fait partie de la vie et de la globalité de la personne. C’est une énergie au service de la relation dans le couple. Elle permet de découvrir la différence de l’autre dans son intimité. Par l’exercice de sa sexualité, toute personne dit quelque chose d’important à l’autre, si ce n’est d’essentiel.
Après un décès, le corps au travers de réactions diverses et variées réagit et vient « dire » la souffrance à sa manière. L’on pense souvent qu’il est totalement inconvenant voire « anormal » d’avoir des envies sexuelles lorsque l’on est en deuil. Pourtant, il est tout à fait normal que ce corps en souffrance, soumis à un stress majeur, puisse réclamer tendresse, réconfort et détente. La sexualité au cours du deuil doit être réhabilitée. « Il faut négocier avec la culpabilité et redéfinir son rapport au désir, en l’accueillant le plus sereinement possible » (Christophe Fauré).
Parfois, c’est l’inverse qui se produit et le corps se ferme à toute sexualité. Plus d’envies, plus de désir, plus de sensations…Les femmes sont plus souvent concernées que les hommes, car ce sont elles qui portent l’enfant et ce lien charnel est capital. Leur corps peut se mettre en deuil et refuser toute source de plaisir.
Le couple peut donc ne pas être en phase par rapport à la sexualité dans ces moments difficiles. La première chose à réaliser consiste à ne pas juger l’autre à l’aune de son propre ressenti. Il est également important de communiquer sur le sujet. Cela évitera les blessures, les incompréhensions et parfois les ruptures.
Quelques pistes pour retrouver le chemin de la sérénité
- Accepter la perte de repères
Le couple a mal, le couple souffre mais c’est également la preuve qu’il vit. Il faut accepter pour un temps ce déséquilibre sans pour autant tout remettre en question.
- Accepter d’être différent
Apprenons à cerner nos différences d’hommes et de femmes qui peuvent diviser et apprenons à en tenir compte sans juger l’autre ou tenter de le changer pour qu’il soit conforme à nos attentes !
- Apprendre à communiquer
Communiquer véritablement s’apprend. Travailler la communication active ou empathique permet de partager véritablement en couple. Cette communication active, nécessite d’amorcer un mouvement vers l’autre, c’est-à-dire d’avoir un quelconque intérêt pour lui et pour ce qu’il dit et être capable de se décentrer de soi quelques instants afin d’aller le rejoindre là où il en est.
- Oser le chemin du pardon
Le pardon est primordial dans la vie d’un couple. Pardonner ne veut pas dire oublier ou effacer le mal qui a été fait. Pardonner à l’autre, c’est ne plus le cantonner ou le limiter à son acte. C’est être capable de percevoir ce qu’il est en vérité, au-delà des blessures qu’il a infligées.
Nécessité de savoir se dire « merci » et « pardon » chaque jour.
Conclusion
Il est essentiel que chaque membre du couple ait conscience qu’un deuil transforme en profondeur les personnes, qu’il modifie leur regard sur la vie et la mort et que par conséquent, il va transformer également leur couple. Il y a donc un réajustement à réaliser, une nouvelle relation à créer. Et même si le lien est fort et l’amour présent, il est nécessaire de se « re-trouver » parce que les personnes ont évolué.
« Le travail de deuil va tisser une « reconfiguration psychique » permettant à l’endeuillé de vivre avec la perte et non plus dans la perte. Mais chacun doit réaliser ce travail à son rythme et le temps reste le meilleur allié pour accueillir en soi la paix intérieure et donner du sens à la tragédie que l’on a vécue » (Christophe Fauré).
La perte d’un enfant, fait perdre aux parents tous leurs repères. Ce lien rompu entraîne la confusion, la désorientation est une perte de sens. En effet, perdre un enfant n’est pas dans l’ordre des choses. Cela bouleverse l’ordre des générations. Les parents sont confrontés à un véritable séisme et ils sont atteints psychologiquement, physiquement et socialement (le rapport à soi-même et aux autres est fondamentalement remis en question).
Processus et travail de deuil
Le processus de deuil se met en place inconsciemment. Il comporte différentes phases spécifiques. Le travail de deuil est un choix consenti par la personne pour parvenir à une guérison intérieure.
- Choisir de faire face à la mort de l’être aimé.
- Ne pas devenir « otage » de notre souffrance car elle est un lien avec ceux qui sont partis.
Le processus de deuil n’aboutit pas à l’oubli. « Faire son deuil c’est apprendre à bien se souvenir » (Mme Pinard)
Les différentes étapes du processus de deuil
1 La phase de sidération/déni
C’est l’étape du choc. On a beau savoir que tout est terminé, une partie de nous-même se refuse à accepter cette terrible réalité. Cette non-reconnaissance est en fait un moyen de se protéger contre « l’horreur » de ce qui vient de se passer. C’est une protection psychique.
2-La phase de fuite/recherche
C’est une période de désorientation qui peut être accompagnée d’une crise d’identité (on ne sert plus à rien). On peut s’étourdir dans des activités pour combler le vide et la perte des repères.
Comme le souligne Christophe Fauré, « lorsque l’on perd quelqu’un que l’on aime, la relation extérieure est interrompue mais le mouvement relationnel entre soi et la personne disparue en place depuis des années reste intérieurement sur sa lancée ». C’est là que se situe la souffrance et c’est là que va résider le travail de deuil : transformer ce mouvement relationnel, l’intérioriser.
3- La phase de déstructuration
On prend conscience que l’autre ne reviendra plus. C’est une phase de désorganisation avec une grande impression de vide, d’absence et de perte. On a l’impression d’une régression. Colère, révolte et culpabilité peuvent aller de pair avec une grande tristesse.
Comme le précise Christophe Fauré : « Le travail de deuil permet d’intégrer lentement son enfant en soi, en rendant de moins en moins nécessaire de le faire exister à l’extérieur de soi, dans une chambre vide ».
4- La phase de restructuration
Le retour à la vie se fait progressivement mais entraîne un sentiment de culpabilité vis-à-vis des autres. On combat souvent ce retour à la vie. On peut parfois avoir besoin de l’autorisation de son entourage.
La phase de reconstruction correspond en fait à une période de redéfinition à plusieurs niveaux :
- Redéfinition de la relation à autrui et au monde,
- Redéfinition de la relation au défunt,
- Redéfinition de la relation à soi-même.
Le couple face au deuil
La réalité du couple, de l’amour, se vit dans une dynamique liée au temps. Le couple se construit jour après jour, fruit d’une œuvre commune et d’une volonté de vivre ensemble dans la durée. Ce projet commun qui inscrit le couple dans la durée va favoriser la constitution du lien conjugal.
Le couple est une entité vivante. Il passe par diverses étapes de vie. Certaines de ces étapes ou certaines périodes de vie sont plus délicates et peuvent favoriser le surgissement de crises :
L’arrivée de l’enfant, son adolescence, la retraite, le nid vide, le chômage…
Lors de la perte d’un enfant, l’ensemble des repères du couple vole en éclats car la souffrance est si intense qu’elle parasite la totalité des relations familiales et conjugales. Le chagrin isole, la pudeur amène une certaine distance.
La souffrance transforme : on a peur de faire mal ; de ne pas savoir quoi faire, quoi dire… Ce drame terrible peut également réactiver les anciennes blessures et les anciens conflits.
La culpabilité est toujours présente lors de la perte d’un être cher.
Elle est bien souvent décuplée lors de la perte d’un enfant. Dès lors, des sentiments ambivalents peuvent naître vis-à-vis du conjoint(e). Amour et haine se côtoient et déstabilisent les rapports du couple.
La culpabilité est liée au « faire ». Elle engage un acte, une faute commise. La honte est liée à « l’être». Elle engage l’image de soi, être à la hauteur de l’idée que l’on se fait de soi.
Une communication brouillée
Il y a tellement de souffrance, de détresse, tellement de sentiments contradictoires que l’on ne peut ou que l’on ne sait exprimer, que peu à peu la communication se brouille ou disparaît. Dès lors se creuse un fossé entre les membres du couple.
Les différences hommes/femmes face au deuil
On s’aperçoit que femmes et hommes ont une façon particulière et différente de vivre leur deuil.
Le deuil au masculin serait vécu d’une manière intellectuelle, cognitive alors que le deuil au féminin serait plus dans le domaine de l’affect. Il serait plus intuitif et partagé et l’expression des émotions y aurait plus leur place.
Deuil chez l’homme : Les hommes sont dans « l’action » et la « diversion ». Ils ont le sentiment qu’ils ne doivent en aucun cas pleurer ou montrer une quelconque faiblesse mais bien plutôt protéger et rassurer. L’homme se réfugie donc dans le silence et la réflexion laissant penser qu’il n’a pas besoin d’aide.
Le deuil masculin est souvent invisible et solitaire. Rester actif est la stratégie masculine fondamentale face à la perte.
Deuil chez la femme : la femme sait nommer ses émotions ; sait trouver les réseaux d’oreilles bienveillantes. La parole est à la femme ce que l’action est à l’homme : une nécessité. En parlant, la femme se sent souvent réconfortée. En racontant, la femme met à distance ce qui la fait exploser. Elle explore ses sentiments et peut mieux comprendre ce qui se passe en elle. La parole a une valeur thérapeutique ; le récit construit.
La sexualité au cours du processus de deuil
La sexualité fait partie de la vie et de la globalité de la personne. C’est une énergie au service de la relation dans le couple. Elle permet de découvrir la différence de l’autre dans son intimité. Par l’exercice de sa sexualité, toute personne dit quelque chose d’important à l’autre, si ce n’est d’essentiel.
Après un décès, le corps au travers de réactions diverses et variées réagit et vient « dire » la souffrance à sa manière. L’on pense souvent qu’il est totalement inconvenant voire « anormal » d’avoir des envies sexuelles lorsque l’on est en deuil. Pourtant, il est tout à fait normal que ce corps en souffrance, soumis à un stress majeur, puisse réclamer tendresse, réconfort et détente. La sexualité au cours du deuil doit être réhabilitée. « Il faut négocier avec la culpabilité et redéfinir son rapport au désir, en l’accueillant le plus sereinement possible » (Christophe Fauré).
Parfois, c’est l’inverse qui se produit et le corps se ferme à toute sexualité. Plus d’envies, plus de désir, plus de sensations…Les femmes sont plus souvent concernées que les hommes, car ce sont elles qui portent l’enfant et ce lien charnel est capital. Leur corps peut se mettre en deuil et refuser toute source de plaisir.
Le couple peut donc ne pas être en phase par rapport à la sexualité dans ces moments difficiles. La première chose à réaliser consiste à ne pas juger l’autre à l’aune de son propre ressenti. Il est également important de communiquer sur le sujet. Cela évitera les blessures, les incompréhensions et parfois les ruptures.
Quelques pistes pour retrouver le chemin de la sérénité
- Accepter la perte de repères
Le couple a mal, le couple souffre mais c’est également la preuve qu’il vit. Il faut accepter pour un temps ce déséquilibre sans pour autant tout remettre en question.
- Accepter d’être différent
Apprenons à cerner nos différences d’hommes et de femmes qui peuvent diviser et apprenons à en tenir compte sans juger l’autre ou tenter de le changer pour qu’il soit conforme à nos attentes !
- Apprendre à communiquer
Communiquer véritablement s’apprend. Travailler la communication active ou empathique permet de partager véritablement en couple. Cette communication active, nécessite d’amorcer un mouvement vers l’autre, c’est-à-dire d’avoir un quelconque intérêt pour lui et pour ce qu’il dit et être capable de se décentrer de soi quelques instants afin d’aller le rejoindre là où il en est.
- Oser le chemin du pardon
Le pardon est primordial dans la vie d’un couple. Pardonner ne veut pas dire oublier ou effacer le mal qui a été fait. Pardonner à l’autre, c’est ne plus le cantonner ou le limiter à son acte. C’est être capable de percevoir ce qu’il est en vérité, au-delà des blessures qu’il a infligées.
Nécessité de savoir se dire « merci » et « pardon » chaque jour.
Conclusion
Il est essentiel que chaque membre du couple ait conscience qu’un deuil transforme en profondeur les personnes, qu’il modifie leur regard sur la vie et la mort et que par conséquent, il va transformer également leur couple. Il y a donc un réajustement à réaliser, une nouvelle relation à créer. Et même si le lien est fort et l’amour présent, il est nécessaire de se « re-trouver » parce que les personnes ont évolué.
« Le travail de deuil va tisser une « reconfiguration psychique » permettant à l’endeuillé de vivre avec la perte et non plus dans la perte. Mais chacun doit réaliser ce travail à son rythme et le temps reste le meilleur allié pour accueillir en soi la paix intérieure et donner du sens à la tragédie que l’on a vécue » (Christophe Fauré).