Winter is coming

Auteur: 
Pierre JOURDE
editeur: 
Editions Gallimard
Année de parution: 
2017-01-01 00:00:00
critique: 

Livre dense, poignant et magnifiquement écrit –l’auteur est écrivain.

Pierre Jourde a perdu son fils âgé de 20 ans, décédé en 11 mois d’une tumeur rénale cancéreuse intraitable – dans tous les sens du terme. Parcours cruel, que ce livre nous fait partager. Beaucoup de remarques justes, d’observations où nous nous reconnaissons… Beaucoup d’entre nous s’y retrouverons.

Christian Boltanski disait que nous mourons deux fois, la première réellement et la seconde quand plus personne ne nous reconnaitra sur des photographies.

Avis que je partage

 La survie des morts est dans le souvenir des vivants » aurait dit Cicéron. Dans ce sens, j’ai relevé dans ce livre le passage suivant qui me parle beaucoup :

"Les inconnus qui viennent encore fleurir ta tombe un jour ne viendront plus. Ou ils tomberont malades, ou ils mourront. Tu continueras à t’amenuiser derrière nous, toujours agitant la main du même mouvement d’adieu. Nous n’y ferons plus très attention. Jusqu’à ce moment enfin où, d’éloignement en amenuisement, de disparitions en oubli, il ne restera plus personne sur cette terre pour penser à toi, plus personne pour conserver ton souvenir, plus personne pour savoir à quoi ressemblait ton sourire. Semblable en cela à tous les hommes, oui, mais tu n’es pas tous les hommes pour nous."

Livre marquant et poignant dont on sort différent.

A lire lentement, en avançant peu à peu sur ce difficile chemin, jour après jour.

PT

 

Synopsis: 
"Après coup, on ne peut pas s'empêcher de revenir sur les jours d'avant, comme pour prendre la mesure de son aveuglement d'alors. On se regarde ne pas savoir, on se regarde vivre alors que cela n'est pas encore arrivé, on s'étonne de ce fragile bonheur. Et ce sont tous les moments de la vie, toutes les joies, les naissances, les après-midi dans le jardin, les journées sur la plage, les histoires racontées le soir aux enfants, les photographies et les souvenirs du passé que vient rétrospectivement infecter de son venin le jour où l'on a su. Ta photographie d'enfant joyeux est celle, à jamais, d'un enfant qui va bientôt mourir". Un des trois fils de Pierre Jourde, Gabriel, est mort à vingt ans. Le récit évoque la dernière année de ce jeune homme plein de charme et de joie de vivre, doué pour les arts plastiques et la musique. La figure radieuse de "Gazou" hante le récit de la maladie : les anecdotes du bonheur enfui ponctuent l'élégie. Un texte poignant sur le deuil et l'amour paternel