En dépit de l’appellation « roman », c’est un récit autobiographique. Camille, 16 ans, tombe malade de ce qui semble être une grippe banale, mais qui l’emportera en quatre jours, la veille de Noël. C’est ce laps de temps et les quatre mois qui suivront la mort de sa fille unique que nous décrit sa mère dans un récit adressé à Camille. Ecrire pour survivre, pour rester debout, écrire aussi pour garder intact la mémoire de l’adolescente est la finalité du texte, sans pathos, jamais larmoyant, avec même une certaine distance, peut-être justement même parce que le drame est encore si récent. Mais d’autant plus bouleversant et juste.
Dans cette maison, on s'aimait, on s'engueulait, on riait : on était délicieusement libres de s'aimer, de s'engueuler, de rire. Ton jeune sang et le nôtre, un peu plus épais formaient un fleuve intranquille où l'avenir battait pavillon. C'est pour ça que je vivrai ta vie, que mon sang aura désormais toujours 16 ans. Tu me regarderas et me guideras selon ce que tu fus, ce que tu promettais, ce que tu aimais de moi. Je vais exister par en-dessous, par soustraction, par extension de toi, dans la copie de ta pudeur contre mon excentricité, de ta réserve contre mon exubérance, de ton repli contre mes tripes à l'air.