Œuvre "vraie", excellemment écrite, très bien structurée, abordant le sujet du deuil par perte d'enfants (deux dans le cas présent) sous ses différents aspects. Livre qu’on ne lâche que difficilement, chaque chapitre lu amenant le lecteur à vouloir entamer tout aussitôt le suivant...
J'ai donc beaucoup aimé la qualité de l'écriture et sa musique, langue ciselée, précise et juste. Et en même temps d’abord très facile. A tel point qu’emporté par l’élan et subjugué en quelque sorte par cette qualité d'écriture je me suis surpris à deux ou trois reprises à acquiescer intérieurement à certaines de ses réflexions et assertions alors même qu’en fait, en y réfléchissant je n’y adhérais pas vraiment. La beauté de la forme… Qui s’allie ici à un fond riche et solide –même si donc on peut n’en pas tout partager. A noter l’absence de pathos inutile et même en quelque sorte une certaine mise à distance amenant à une approche raisonnée et intelligente de ce qu’est cette forme de deuil.
Nous nous sommes, Marianne et moi, globalement retrouvés dans le parcours décrit, les questionnements soulevés, les difficultés d’adaptation réciproques qui ne manquent pas d’apparaitre entre l’entourage et la personne endeuillée,…etc., bref les différents aspects de la souffrance et des difficultés de tous ordres que ce drame inflige tant à la famille qu’aux proches et moins proches.
Son approche de la notion de consolation amène à réfléchir et ouvre sur une forme d’espérance.
Le parallèle final avec l’art japonais du kintsugi est intéressant, cet art qui vise à consolider les brisures d’un vase précieux par un jointoiement à l’or fin –les rendant ainsi, paradoxalement pour nous, plus visibles. La soudure redonne ainsi au vase sa solidité mais ne cherche nullement à être dissimulée. Tout au contraire. Au sens métaphorique, accepter donc de ne pas cacher nos cicatrices, témoignages de notre parcours de vie. Mais acceptera-t-on pour autant de les exposer ?
Je ne peux à titre personnel que conseiller la lecture de cet ouvrage, tant aux personnes concernées qu'à celles qui ne le sont qu’indirectement.
PT
Livre en bibliothèque au Local