Viens, prends-moi la main, la route est longue.
Nous passerons le gué, pas à pas.
Non, tu n’iras pas seul : je t’accompagne.
Je connais bien le passage.
J’y ai été.
Ne crains pas le noir, je suis à ton côté.
Il nous faut faire un pas à la fois
Et de temps à autre il faut s’arrêter.
C’est loin, l’autre rive,
Et il y a des obstacles.
Il y a beaucoup de pierres à enjamber,
Certaines sont plus hautes que d’autres.
On les nomme Choc, Refus, Colère, pour commencer.
Viennent ensuite Culpabilité, Désespoir, Solitude.
C’est un moment difficile, mais il faut y passer.
C’est le seul moyen d’atteindre l’autre rive.
Viens, glisse ta main dans la mienne.
Que crains-tu ? Oh oui, j’ai la main ferme.
J’ai tenu tant de mains comme la tienne.
Un jour, la mienne aussi était petite et faible.
Tu sais, j’ai aussi dû prendre la main de quelqu’un.
Pour m’aider à faire les premiers pas.
Attention ! Tu as glissé. T’en fais pas, pleure.
Il n’y a aucune honte à cela, je comprends bien.
Reposons nous ici un moment et soufflons.
Quand tu auras repris tes forces, on continuera.
Aucun besoin de se presser.
Dis, c’est bien ça ! J’aime à t’entendre rire.
D’accord, ces souvenirs que tu me confies, ils sont beaux.
Tu vois, on est à mi-chemin. J’aperçois la berge.
Il y fait chaud au Soleil à ce qu’il parait.
As-tu remarqué ? Tu en es bientôt à la dernière pierre
Et tu te tiens seul. Tu as lâché ma main !
Nous avons passé le gué.
Eh ! Ne va pas si vite ! Regarde !
Il y a quelqu’un qui attend là bas,
Qui est seul, qui veut traverser.
Il faut que j’y aille. On a besoin de moi.
Eh bien, que dis-tu là ? En es-tu bien sûr ?
Et pourquoi pas ? Vas-y. J’attends ici ; tu connais le chemin.
Tu y as passé.
D’accord, mon ami, c’est bien ton tour maintenant
D’aider quelqu’un d’autre à passer le gué.