Ton petit frère
Tout a commencé un samedi matin du mois de mai. Bien que fermés, les rideaux laissaient supposer une belle journée. De ton côté, tu étais là bas, loin, continuant inlassablement ton périple. Malgré le froid, malgré la pluie. Du moins, c’est peut-être ce que je me suis dit, en ce samedi du mois de mai.
Et puis, il y a eu ce coup de fil délivrant ce message irréaliste, impensable, incompréhensible. On comprend sans comprendre. Mais on n’accepte pas. On ne peut accepter. Tu es là bas, loin, très loin, mais tu ne marches donc plus ? Mes rideaux cachaient en réalité une pluie soutenue, comme des larmes que le ciel verse pour accompagner ma douleur.
Étonnamment, mes pensées allaient vers certains amis ayant vécu un événement similaire. Je me suis alors revu, tentant de leur apporter réconfort avec des phrases pré-faites. Je me suis revu, lamentable, tentant de les aider à traverser, à surmonter cette « épreuve ». Je venais alors de comprendre que ce n’est pas une épreuve, et qu’on ne peut la surmonter. Aucune épreuve ne prive vos futurs enfants de leur oncle.
Nous te revîmes une fois. Tu étais allongé, comme si tu te reposais après un long voyage. Comme si tu nous attendais. Calme. Silencieux. Serein ? Peut-être. Triste ? Sûrement. Les rideaux de tes yeux étant fermés à jamais. Tu étais là, mais en réalité tu étais loin, très loin. Trop loin.