Notre assemblée générale s'est tenue le 13 février 2015 à notre siège en présence de 38 adhérents. Y étaient également présents à titre d'invités Mr. Kuhn, président de l'UDAF accompagné de Mr. Husser, vice-président de l'UDAF, Mme Aubry représentant le Maire de Vesoul, Mme Laut de l'association "Veufs, veuves et orphelins". Nous avons noté aussi avec plaisir la présence de Mme Lucette Perrey de l'association JPV25.
L'AG s'est déroulée selon le protocole habituel : approbation du compte rendu de l'assemblée générale du 18/02/2014, lecture du rapport moral du président, rapport d'activité 2014 des commissions agrémenté de la projection de différentes diapos elles-mêmes commentées par différents participants, compte de résultat de l'exercice 2014 et budget prévisionnel 2015. Enfin, renouvellement du 1/4 sortant des membres, projets d'activités 2015 et questions diverses.
L'AG s'est cloturée sur la projection d'une vidéo émouvante réalisée par Joséphine retraçant en images les évenements marquants de l'année écoulée.
Pour information:
Rapport moral du Président:
AG – AFDE
Rapport moral
Vendredi 13 février 2015
Pour rappel :
L’association Familles en Deuil d’un Enfant- Amis Compatissants dont c’est aujourd’hui la troisième assemblée générale ordinaire est née de la préparation et de la tenue de la première Commémoration dédiée aux enfants disparus qui s’est tenue à Vesoul le 9/12/2007 dans la chapelle de l’Hôpital Paul Morel. Cela dans le cadre de la Journée Mondiale dédiée aux Enfants disparus, la Journée des Lumières, qui se tient dans le monde chaque année le deuxième dimanche de décembre depuis 1997 à l’initiative des Compassionate Friends. Association mondiale dont nous faisons partie.
Comme vous le savez, d’autres personnes endeuillées sont venues ensuite progressivement s’agréger à ce noyau initial avec émergence progressive au sein de ce groupe du désir de développer un accueil à destination d’autres familles endeuillées, échelonné cette fois tout au long de l’année. Cela a conduit à la tenue de réunions de plus en plus fréquentes pour aboutir finalement à la constitution de notre association, officialisée le 7 novembre 2011, date de l’AG constitutive. Avec déclaration en préfecture le 14/11/11 et parution au JO le 29/11/11
J’en profite pour remercier une fois encore les bonnes fées qui se sont penchées alors sur notre berceau –et qui sont d’ailleurs invitées à s’y repencher aussi souvent qu’elles le pourront: le bébé a grandi, certes mais il a encore besoin d’aide et de soutien !- je veux parler de la CAF et de l’UDAF en particulier, ces deux bonnes mères qui par leurs dons et leur aide nous ont bien aidés à faire nos premiers pas. Je remercie également tous les autres donateurs et donatrices qui se sont manifestés alors et depuis. Et que j’encourage à poursuivre.
Notre association a donc officiellement 3 ans mais après 4 ans de gestation.
Après ce bref rappel historique, je voudrais vous faire part de quelques interrogations qui me tiennent à coeur et qui sont et resteront à mon sens longtemps d’actualité.
Il me semble nécessaire et prudent de maintenir tout au long des années à venir la pratique d’un questionnement bienveillant sur soi, d'essayer d’y répondre mais aussi douter de la réponse apportée... Et recommencer le cycle. Une remise en question permanente en somme, devant nous conduire à essayer d’ajuster nos actions à venir à ce que nous pensons qu’elles devraient être. Mais, au fait, que devraient-elles être ?...
Quelle finalité pour notre association ?
En résumé et pour faire court :
o L’association est là pour permettre de rencontrer d’autres personnes ayant vécu un drame semblable et qui donc savent dans leur chair de quoi il est réellement question. Et ça change tout.
o L’association est là pour pouvoir y parler encore de son enfant et c’est très important: ne plus en parler, c’est l’effacer pour de bon de nos vies, de notre mémoire et en quelque sorte le faire mourir une deuxième fois. En parler, par contre c’est maintenir son souvenir en survie, façon de chérir sa mémoire et d’atténuer un petit peu son absence.
L’expérience montre qu’il devient vite difficile dans notre société de parler de son enfant disparu : il nous faudrait pour beaucoup –non concernés, cela va sans dire – vite tourner cette page-là… Mais nous ne le pouvons ni d'ailleurs ne le voulons.
L’association peut offrir ce lieu où l’on peut encore parler de lui ou d’elle. Et c’est vital.
o L’association est là aussi pour fonder l’espoir d’une atténuation de la douleur avec le temps –il n’est pas question ici d’oubli – sur le message transmis de personnes beaucoup plus avancées que soi sur le chemin du deuil et qui montreront de par leur façon d’être, leur comportement qu’il sera à nouveau possible, comme elles, avec le temps de s’autoriser un retour à la vie. Qui monteront que la douleur de ce deuil est évolutive et qu’elle sera différente, intériorisée.
C’est là un message important à délivrer par les « Anciens Endeuillés » à ceux et à celles qui le sont depuis peu : un message d’espoir en somme.
o Au final, l’association est là pour offrir une main tendue, de la compréhension, un soutien, un lieu où la parole peut se libérer et ce dans la chaleur d’un groupe de personnes ayant en commun un vécu particulier, douloureux.
Tout cela résumé dans son essence par Valérie, il y a deux ans et maintenant mis en accueil sur le site :
Un simple regard pour apaiser,
Un petit mot pour aider,
Une pensée compatissante pour soutenir,
Un geste amical pour accompagner,
Le tout pour cheminer ensemble.
Valérie.
Comment mieux accueillir, pour notre association?
o Intérêt de recevoir une formation :
Celle-ci a débuté en 2013 et s’est poursuivie tout au long de 2014, sous l’égide de Mary Jo Gacek, psychologue et grâce au soutien financier de la CAF et celui de l’UDAF. Merci à elles deux.
Formation à l’écoute et à l’accueil avec des niveaux et des groupes différenciés mais aussi sous forme d’animations de réunions et de conférences données tant par Mme Gacek que par Mme Geneviève Pirolley, psychanalyste et présidente de l’association Vivre son Deuil. Tout cela sera poursuivi en 2015.
Cette formation est importante tant pour nous puisqu’ayant comme finalité de nous amener à mieux comprendre et mieux accueillir que par rapport à l’extérieur puisque devant -entre autres choses- témoigner du sérieux de notre association. La pose régulière d’un « regard externe » sur l’association est d’ailleurs indispensable, facteur de mise en confiance et prémunissant contre d’improbables dérives.
o La mise en place du cadre que nous avons défini concernant l’accueil de nouveaux endeuillés est maintenant achevée et fonctionne pas trop mal.
Ce cadre, assez bien défini dans sa forme doit bien sûr demeurer souple dans son application et est susceptible d’évolution et d’adaptation, celles qui nous seront dictées par l’expérience.
o Et puisque l’on parle accueil, nous nous interrogeons aussi depuis quelques temps sur la nécessité de trouver un local plus grand pour nous accueillir tout pour nos réunions du lundi, la salle habituelle devenant franchement trop petite.La salle où nous nous trouvons ce jour conviendrait fort bien….
Encore quelques interrogations :
o Interrogations sur les attentes différentes entre les « anciens et les nouveaux endeuillés » :
Mais quelle est la frontière de temps séparant les « anciens » des « nouveaux » endeuillés ? La question a été récemment posée au groupe et aucune réponse n’a clairement émergé. Chacun a son temps propre et évolue suivant son propre chemin, avec parfois aussi des retours en arrière …
Cependant et à mon avis, prenons garde à ce que nous autres, dont je fais partie, personnes ayant perdu notre enfant depuis plusieurs années –mais justement quelle valeur donner à ce « plusieurs » ?- ne perdions pas de vue que pour la plupart d’entre nous la douleur s’est modifiée, s’est intériorisée avec le temps, nous est devenue en quelque sorte consubstantielle et nous habite tout en ayant perdu de sa violence initiale, celle qu’elle avait durant les premiers mois, les premières années. Où elle tenait de celle d’un arrachement, d’une amputation.
Alors, nous les « anciens », veillons-nous bien encore à rester en phase avec les nouveaux endeuillés que nous accueillons, ceux qui le sont depuis peu ? Sommes-nous toujours bien conscients de l’intensité extrême de la souffrance que ces personnes éprouvent ? Bien conscients que leurs besoins ne sont pas tout à fait les nôtres, nous qui avons cheminés depuis ?
Il y a là je crois une réflexion à mener toujours, un questionnement à s’imposer toujours, nous les accueillants. Sauf à risquer de perdre de vue les fondements mêmes de l’association –et donc son âme.
Dans ce sens et pour essayer de mieux répondre à ces attentes, nous avons testé le lundi 2 février dans cette salle –elle le permet- le fractionnement de l’assemblée en trois groupes durant la première partie de la réunion. Ce fût je crois un plein succès. Les échanges étaient plus faciles, plus nombreux et spontanés, chacun pouvant dire « ce qu’il avait sur le coeur », ce qu’il souhaitait faire partager à savoir souvent pouvoir encore parler de son enfant. Nous continuerons sur cette lancée.
Pouvoir donc encore parler ici de son enfant, quelle que soit l’ancienneté du deuil : droit premier et évident ici puisque l’un des fondements de l’association. Mais non exclusif.
En effet, pouvoir se retrouver toutes et tous, avec chaleur et pourquoi pas autour d’activités partagées est important aussi. Qu’il s’agisse d’activités manuelles, de sorties, de visites, …etc
De fait ces activités partagées et participations à divers évènements ont contribués d’une part à nous rapprocher les uns des autres, à mieux nous connaître mais aussi à favoriser notre retour à la vie.
En particulier, quand passé les premiers temps, période où rien n’est possible, on s’ouvre à nouveau, on devient plus réceptif. La douleur s’est alors quelque peu atténuée et suffisamment modifiée pour permettre à nouveau une ouverture sur l’Autre. Et l’on sait bien ce que ce « faire avec d’autres » peut apporter comme aide et soutien.
Nous voulons donc développer ces ateliers –une subvention au Conseil Général a été demandée dans ce sens- ainsi que les autres activités.
Ces activités diverses et variées ont en outre des retombées financières positives loin d’être négligeables (51% de nos recettes hors dons et subventions).
Nous n’avons pas de subventions mais nous avons des idées ! Nous avons réagi et oeuvré ensemble améliorer la trésorerie de l’association.
Le chemin de deuil est un long voyage, fait d’étapes, avec des besoins et des attentes différents tout au long de celui-ci selon les personnes en chemin. Restons en conscients, nous, compagnons de route compatissants.
o Interrogations d’ailleurs aussi à propos de nos compagnons de route : qui sont-ils ? Quels sont ceux qui pourraient l’être ? ?
Nos membres déjà…Nos réunions du lundi sont dorénavant précédées d’une petite marche.
Au niveau du département (je rappelle que notre ambition est exclusivement départementale): nous savons bien qu’énormément de personnes sont en fait en chemin, comme nous. Il n’est que de lire son quotidien pour le savoir. Alors, comment entrer en contact avec elles ? Comment mieux nous faire connaître d’elles ? Doit-on se montrer plus actifs –au risque de se montrer intrusifs? Envoyer par exemple des courriers aux personnes que l’on sait être récemment endeuillées ? Nous n’avons jusqu’ici pas osé franchir ce pas, par pudeur.
Le devrions-nous ? Je vous invite à y réfléchir.
Au niveau de la France. Nous avons des liens forts avec l’association de parents endeuillés de Haute Marne, un peu moins avec celle des Vosges. Ces relations sont à développer : nous prévoyons le maintien de notre réunion annuelle de septembre à Laître et nous avons mis sur pied cette année un WE partagé à l’Abbaye St. Colomban de Luxeuil début novembre. Un plein succès. Que nous souhaiterions renouveler.
Et appliquer la même formule ailleurs, à Gray par exemple. Angèle y travaille.
Je souhaite bien évidemment qu’en parallèle nous développions contacts et collaboration avec d’autres associations de parents endeuillés. Comme c’est déjà le cas pour avec l’association JPV du Doubs ainsi qu’en témoigne la présence ce soir de Lucette Perrey. Merci à elle d’être venue.
Au niveau de l’Europe et du monde… Avec la Hollande certainement avec la finalisation en cours du projet Roses for Children comme vous le verrez tout à l’heure.
Un souci constant, celui de ne pas « rester entre nous » même si l’on y est bien mais au contraire s’ouvrir aux autres, partager, apprendre d’eux et retenir le meilleur.
o Interrogations sur les buts, les moyens et la finalité de l’association, sujets déjà en partie abordés :
Des questions viendront à se poser avec de plus en plus d’acuité au fur et à mesure que l’association croîtra :
Quelle fin précisément ? Accueillir passagèrement ou pour longtemps ? Qui accueillir et qui ne pas accueillir? Quelles limites à l’accueil ?
En usant de quels moyens ? En refusant quels autres ? Pourquoi ?
Le site : sous quel contrôle ?
Intérêt de fonder une commission de réflexion ? Cela me parait nécessaire. Nécessité de réfléchir et de promulguer une charte qui nous soit propre et qui précise le cadre moral de l’association, insiste sur certaines valeurs telles que le droit de chacun à s’exprimer, la confidentialité ++ de ce qui est entendu (et ce tant vis-à-vis de l’extérieur que de l’intérieur),
l’impératif de ne porter aucun jugement de valeur, de parler en son nom propre, …etc. .
Quelles activités développer?
o Le sujet a déjà été abordé dans ce qui précède :
Poursuite des Réunion du lundi précédées d’une marche
Poursuite des formations, conférences, …etc
Poursuite des délocalisation sur d’autres secteurs du département : marchés artisanaux (La Carte), marchés de Noël ( Vesoul mais aussi Vitrey en 2014), WE à Luxeuil en 2014, à renouveler mais aussi prévu à Gray
Développement des activités manuelles sous formes d’ateliers avec définition d’un calendrier ?
Développer une participation dans ce qui se met en place pour la prévention du suicide. Nous avons récemment assisté à Besançon à une conférence sur le sujet initiée par JPV 25 et l’association Vivre son Deuil. Des contacts ont été pris qui devraient permettre la mise place ici de quelque chose de semblable en février 2016.
Renforcer la convivialité : repas pris en commun, calèches ? Tourisme fluvial ? Voyages ?
Voilà les quelques réflexions qui me viennent après trois ans d’activité de l’association.
Son histoire en est encore à ses débuts mais l’association commence à s’affermir, soutenue et fortifiée par toutes ces mains qui se tiennent et se serrent.
Merci à nos soutiens, à l’UDAF, à la CAF avec qui un projet ambitieux a été finalisé.
Merci à nos donateurs, à ceux qui nous encouragent à poursuivre…
Merci aux intervenantes qui nous aident à mieux comprendre, à mieux accueillir
Merci à tous nos membres, bénévoles sans qui nous n’aurions pas même de déroulé décent pour cette AG, pas même de comptabilité, pas même de quoi mettre sur nos stands ni personne pour les tenir quel que soit le temps…
Merci à toutes et à tous pour vos sourires, votre chaleur et tout ce qui fait que les liens qui nous unissent ici au sein de cette association soient si particuliers…
Merci aussi à tous ceux que je n’ai pas nommés : qu’ils m’en excusent.
L’An IV a commencé : qu’il nous soit individuellement clément, ce serait déjà bien et qu’il voie l’association remplir au mieux la mission qu’elle s’est donnée, avec les moyens qu’elle a. Que nous espérons voir encore accrus au cours de l’année qui vient.
Je vous remercie.
Le président: P.Thierry
A suivi un pot de l'amitié avec en paralèlle la tenue du CA avec élection du conseil d'administration et du président.
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