Nous, frères et sœurs endeuillés…

Quelques lignes inspirées de la conférence sur les frères et sœurs endeuillés donnée par Mme Gacek Marie-Jo le 18 avril 2015 à Noidans-les-Vesoul à l’initiative de l’AFDE Haute-Saône. Un grand merci à Mme Gacek d’aborder ce sujet si peu évoqué. Conférence remplie d’émotions mais tellement vraie.

Drame, c’est notre vie qui bascule, une partie de nous perdue, un repère qui s’en va, nos parents anéantis, notre place qui n’est plus, notre famille brisée… un avant et un après.

Indescriptible, jamais évoquée, la souffrance d’un frère ou d’une sœur qui perd son frère, sa sœur. Une histoire de vie qui s’arrête, une vie de famille qui ne sera plus jamais la même, seuls des souvenirs restent gravés à jamais avec tellement de pourquoi ce drame et tellement de moments que l’on aimerait encore partager ensemble.

Avec son frère, sa sœur, c’est main dans la main, un chemin parcouru, partagé ensemble, mais en fait seulement un bout de chemin…une route que l’on n’imaginait pas autrement que longue et belle … Et pourtant, un chemin qui se brise si vite, trop vite que l’on ne sait plus s’il faut avancer, dans quelle direction, avec quel repère tout en voulant soutenir nos parents qui eux aussi tentent de survivre.

La souffrance est quotidienne…parents endeuillés, frères et sœurs endeuillés, la suite du chemin est si difficile. Comment avancer en se comprenant, en respectant et en considérant la douleur et la souffrance de chacun ? Avec chacun ses émotions, chacun sa souffrance, tous tellement démunis… continuer ensemble nécessite un soutien mutuel, pas facile quand on est mal, quand on a mal.

Osons le dialogue, c’est ce qui est primordial pour continuer ensemble, parents et enfants endeuillés, ce chemin qui va être tellement différent après la perte de notre frère, de notre sœur.

Grégoire, Emmanuel Moire, Hugues Aufray et bien d’autres chanteurs osent nous évoquer ce drame qu’est la perte d’un frère à travers leur vécu, à travers leurs propos, à travers leurs chansons… On peut lire « J'ai gardé dans la voix toutes les cicatrices du drame que j'ai vécu, tout le poids de cette souffrance », « je perdais mon repère, mon capitaine, mon mentor, celui qui m'a tout appris » ou encore « c'est à vie que je dois vivre avec une partie de moi qui n'existe plus et qu'il a fallu que je comble d'une autre manière. Il y a un avant et un après suite à ce que j'ai vécu. Je ne peux pas l'ignorer et ce sera toute ma vie comme ça. Je l'accepte, je le gère et j'apprends à vivre avec mais c'est une blessure qui restera tout le temps. ». Une blessure partagée, une blessure évoquée, merci à eux.

Une blessure qui ne peut se cicatriser, une douleur qu’il n’est pas facile d’exprimer, de qualifier, d’oser évoquer…. Merci à ceux qui osent en parler, évoquer, partager ce mal être ….on a l’impression que notre mal est reconnu, on a tellement besoin d’être entendu, tout simplement d’être lorsque l’on est perdu…

Oser devenir plus âgé qu’un aîné disparu, tenter de survivre lorsque l’on a perdu sa place... difficile de continuer.

Nos émotions sont multiples et contradictoires, nous ne sommes pas toujours à même de les exprimer, tellement peur d’alourdir la peine de nos parents. Préservons-les, protégeons-les… Souffrons en silence pour ne pas aggraver leur peine, leur souffrance effroyable.

Sa colère, sa culpabilité, sa peur… tant d’émotions qu’il faut pouvoir et savoir dépasser dans une famille qui n’est plus comme avant. Le dialogue est une porte qu’il faut ouvrir pour continuer notre chemin qui, nous devons l’accepter, sera différent… Tellement différent.

Valérie