Marie-Anne

Marie-Anne
29/06/1969
28/03/2009

Les contemplations

Oh ! je fus comme fou dans le premier moment
Hélas ! et je pleurai trois jours amèrement
Vous tous à qui Dieu prit votre chère espérance
Pères, mères, dont l'âme a souffert ma souffrance
Tout ce que j'éprouvais, l'avez-vous éprouvé ?
Je voulais me briser le front sur le pavé
Puis je me révoltais, et par moments, terrible,
Je fixais mes regards sur cette chose horrible
Et je n'y croyais pas, et je m'écriais : Non !
Est-ce que Dieu pemet de ces malheurs sans nom
Qui font que dans le coeur le désespoir se lève ?
Il me semblait que tout n'était qu'un affreux rêve
Qu'elle ne pouvait pas m'avoir ainsi quitté
Que je l'entendais rire en la chambre à côté
Que c'était impossible enfin qu'elle fût morte
Et que j'allais la voir entrer par cette porte.
 
Oh ! que de fois j'ai dit : Silence ! elle a parlé
Tenez ! voici le bruit de sa main sur la clé !
Attendez ! elle vient ! laissez-moi, que j'écoute
Car elle est quelque part dans la maison sans doute.

Victor Hugo